Ramassage du lait à Ménétreux le Pitois de 1500 à nos jours


   Chaque jour, des fleuves de lait parviennent aux laiteries, venant des hameaux de montagnes ou des fermes des villages. Le précieux liquide est, selon les régions et leurs situations géographiques, transporté aussi bien à l’aide de charrettes, de camions ou même de wagons-citernes. Il est même, dans certaines régions de montagne, de véritable lactoducs, tuyaux en matière plastique reliant les hauts pâturages aux vallées. Mais dans son état actuel, le lait est fort périssable et il faut donc le conserver au froid ou le transformer rapidement dans de vastes édifices construits selon des normes techniques très poussées et qui abritent le matériel utilisé au cours de la longue et minutieuse préparation du lait avant sa consommation. Ces édifices, ce sont les laiteries, qui collectent le précieux produit, le transforment en lait pasteurisé ou stérilisé, en beurre ou en fromage.

   Pour ce qui est de notre village, il est intéressant de remonter une soixantaine d’années en arrière pour se faire une nette idée de l’évolution dans ce domaine de l’économie rurale. Entre 1900 et 1914, il fallait compter environ 28 ménages possédant quelques vaches laitières. A part six cultivateurs un peu plus importants, les moins fortunés avaient une ou deux vaches. A cette époque, le village vivait replié sur lui-même en ce qui concerne le lait et ses dérivées. Chacun faisait du beurre, des fromages, pour la consommation personnelle et fournissait également les quelques ménages ne produisant pas de lait. Le peu d’excédent était collecté par Madame SEBILLOTTE, demeurant AUX LAUMES, qui, chaque jour, par n’importe quel temps, venait avec une petite charrette à bras, recueillir une trentaine de litre de lait dans de petits bidons de 10 litres, puis faisant le porte-à-porte, elle distribuait le produit de sa collecte à une fraction de la population DES LAUMES.

   Quelques années après la guerre 1914-1918, Monsieur Léon YORK, demeurant à Venarey, faisait la tournée de ramassage de lait à MENETREUX et ERINGES à l’aide d’une voiture à cheval genre « tilbury » ; il distribuait également à domicile parmi une population qui augmentait. Son fils lui succéda par la suite et, au début de l’implantation de la laiterie BEL, qui eut lieu en 1926, il livrait pour son propre compte à cette industrie.

   En 1935, la laiterie BEL réalisait son plein essor, collectant alors annuellement trois millions de litres, et, en 1969 à quarante millions.

   En ce qui concerne notre village, le nombre total de litres de lait, pour six cultivateurs, s’élevait à 122 000 litres en 1960 pour atteindre 145 000 litres en 1969. Du fait de la reconversion d’un cultivateur qui a cessé la production laitière pour se consacrer au marché de la viande, il semble certain qu’une diminution de la collecte sera enregistrée. Depuis de nombreuses années, le ramassage par bidons sur camion était utilisé. Or, maintenant, chaque cultivateur, seul ou groupé, procède au refroidissement du lait qui, est ensuite transporté par camion citerne. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, le progrès technique va son train et l’industrialisation va de plus en plus grignoter la routine ancestrale.


Source: Mr R. Blanchot Le xx/xx/19xx